En France, jusqu’à présent – sans parler des résumés de l’histoire circulant sous diverses formes, souvent illustrées – on ne connaissait ce roman que dans une version considérablement abrégée, tout simplement amputée d’un bon tiers ! (…). Réduire les aventures de Nils Holgersson aux simples démêlés entre un garçon et un comte, entre des oies sauvages et un renard, est aussi barbare que réduire Don Quichotte au combat contre les moulins à vent. Le temps est heureusement venu de rétablir ce texte dans son intégralité, celle qui lui permettra, espérons-le, de sortir plus souvent de l’étagère des  » livres pour enfants « . Selma Lagerlöf, on le verra à la lecture, n’a pas assemblé des cubes qui, arrangés différemment ou diminués de moitié, formeraient un ensemble aussi valable. (…) Et l’on s’apercevra vite, en se souvenant qu’il parut au tout début de ce siècle, que nous avons là l’un des premiers romans écologiques, un hymne aux capacités de l’homme qui sait rester maître de ses outils, et un plaidoyer pour le provincialisme – écrit à l’époque où l’on célébrait autant la machine que les nationalismes.